Article publié sur le site Internet du journal La Provence le 15/03/2013 – Une délégation a été reçue mardi au palais Bourbon.

En décembre à Marseille, Georges Cristiani, au titre de l'Union des maires, avait remis le projet d'établissement public à Marylise Lebranchu.Après le cabinet de l’Elysée, le président du Sénat, le président de l’Association des maires de France : le président de l’Assemblée nationale. Une délégation des anti-métropole était reçue, mardi, au palais Bourbon par Claude Bartolone.

Georges Cristiani, maire (SE) de Mimet, les députés Ciot (PS), Burroni (PS) et Charroux (PC), la sénatrice Joissains (UMP-UDI), entre autres, ont donc répété tout le mal qu’ils pensent de cette réforme. « Il a été à l’écoute comme on peut l’être sous les lambris de la République mais il a admis que pour Marseille, la réforme ajoutait une couche supplémentaire au millefeuille », ironisait, à l’issue, Georges Cristiani. Qui n’a pas manqué de dénoncer le discours sans détour de la ministre Lebranchu en charge du dossier, devant les parlementaires de la majorité. « Elle a quand même dit que pour Paris et Lyon, des solutions avaient été trouvées mais qu’à Marseille, elle allait passer en force ».

« Jean-Claude Gaudin doit se positionner »

Et justement s’il y a bien quelque chose qui les met en rage, c’est que l’union des maires des Bouches-du-Rhône a depuis plusieurs semaines sous le bras un projet d’Epoc – établissement public opérationnel de coopération – et que la solution parisienne prendra corps sous la forme d’un établissement public et non d’une métropole aux multiples compétences comme le dénoncent les élus.

Une fois leur laïus inlassablement répété, ils ont de nouveau rencontré Marylise Lebranchu : « Ah, c’est une femme d’exception, une fine politique… », reconnaît Cristiani. Et donc ? « Et bien, elle nous a répété toujours la même chose. On lui a demandé, enfin le Premier ministre, de mener à bien ce projet et donc elle le fait, convaincue comme le dit la Direction générale des collectivités locales, que dans les Bouches-du-Rhône, on est au bord du gouffre. Il n’y a qu’eux qui le pensent. Évidemment, le terme de Métropole, c’est scintillant alors que nous, on est là avec notre Epoc… »

Les prochains soutiens à trouver, ils l’espèrent pourquoi pas auprès du maire de Marseille : « Jean-Claude Gaudin ne peut pas continuer de dire que tout va trop vite, tout va trop fort sans se positionner clairement sur ce dossier ». Reste que dans ce débat souvent ultra-technique, les anti-métropole ont encore du mal à populariser leur discours au-delà du cercle, au final restreint, des élus. « On ne peut rester inactif devant un projet qui veut faire de nous, les maires, des potiches. Nous regrettons, alors que tout le monde nous a reçus, que M.Ayrault refuse toujours de nous accorder un rendez-vous. On en appelle au président normal : il ne peut pas ne pas répondre aux maires qui représentent plus d’un million d’habitants. Un mouvement social est inéluctable… »

L’histoire ne dit pas quelle forme prendra ce mouvement. S’ils promettent de ne rien lâcher, le projet de loi, lui, suit son cours : il devrait atterrir en avril sur le bureau du conseil des ministres avant une première lecture au Sénat.

François-Michel Lambert : « C’est le bordel »

Il rêvait d’une Métropole, territoire d’expérimentation, modèle du XXIe siècle, il expérimente surtout les méandres des enjeux politiciens. « C’est le bordel », tempête François-Michel Lambert. Le député écologiste, pas contre la Métropole, ni vraiment pour ce texte de loi, goûte peu la visibilité et les réunions en série dans les hauts cercles du pouvoir des anti-Métropole. « Ils disent que le gouvernement ne dialogue pas mais de leur côté, on ne peut pas dire que ce soit de grands moments de partage : on me fait même du chantage à ma réélection si je soutiens le gouvernement, c’est pathétique, dénonce-t-il. J’ai été élu député, c’est donc aussi pour faire bouger les lois ».

Et d’appeler les « amis de la majorité présidentielle à travailler le texte, les amendements… » C’est donc « en pleine schizophrénie » que le député Lambert en appelle toujours à l’ouverture d’un débat public – sur le modèle de celui mené pour la LGV – : « Cela coûte 800 000€ soit 50 centimes par habitant pour faire un vrai débat sur un an : pour redessiner un territoire, ce n’est pas si cher. En revanche, je refuse la méthode des délégations qui n’apportent rien. On est entré dans une guerre de tranchée où personne ne veut rien lâcher. Et au final, on sera tous perdants ».

Alexandra Ducamp