Article paru sur le site Internet du journal Var-matin le 23/05/2016.

La course pédestre qui s’est déroulée ce week-end, a accueilli Nicolas Linder, malvoyant. Portrait de ce coureur à la canne blanche, qui veut changer l’image du handicap.

Nicolas Linder, 31 ans, entame son 24e kilomètre. « C’est autant une épreuve physique que mentale, il faut rester concentré. À la moindre erreur de trajectoire, on tombe. » En plus de sa canne, il doit suivre attentivement les indications que lui dicte son téléphone. Vice-président de l’association « Vue (d’)ensemble », Nicolas a déjà participé à d’autres épreuves sportives, comme les courses de Strasbourg ou une étape du chemin de Compostelle. « Je ne cherche pas la performance. En plus de me faire plaisir, je veux prouver aux autres que c’est possible », dit-il. La voix de son téléphone lui recommande de serrer sa droite. Il reprend, « Quand tu as un handicap, tu dois te surpasser en permanence. C’est un combat quotidien. »

UNE COURSE FAMILIALE

Les « 24h de Peynier », c’est une boucle « trail » d’une longueur de 1 km, à allure libre. Les participants, en équipe, relais ou en individuel, doivent faire un maximum de tours. Réunissant 113 coureurs, cette septième édition est avant tout un « événement convivial et familial », décrit Pascal Jung, président de l’association organisatrice Fada (Familles, amis pour la découverte d’activités). Il est fier d’accueillir Nicolas : « Quand il passe, tout le monde l’acclame, il fait un carton. Justement le but de cet événement, c’est de rassembler. Ça fait partie de ma plus grosse joie ».

UN GPS ADAPTÉ

Avant le début de la course, les organisateurs ont fait faire deux tours de parcours à Nicolas, ce qui lui a permis d’enregistrer avec précision l’itinéraire dans son téléphone, grâce à une application toujours en phase test. Il s’agit d’un GPS qui, jumelé à une boussole, indique à l’utilisateur le cap à prendre. Nicolas fait partie des pionniers qui améliorent son utilisation. « Très peu de malvoyants sortent de leur domicile de façon autonome », regrette-t-il. « A terme, ce GPS devrait donner aux déficients visuels la possibilité d’aller découvrir la nature. C’est une vraie bouffée d’air. »

Sophie et sa fille Fannie, 6 ans et demi, ont accompagné Nicolas sur plusieurs kilomètres pour l’encourager. « C’est vraiment super qu’il ait pu participer à la course. En plus, il a du matériel en cours de développement… Ça, c’est de la technologie qui sert ! », dit-elle. Nicolas aura parcouru au total 78 km « Je veux que ça serve d’exemple. J’espère que les gens auront une image moins misérabiliste du handicap ».