‘Le Garçon’, le roman de Marcus Malte paru aux éditions Zulma, fait partie de la dernière sélection du prix Femina. C’est notre grand coup de cœur de cette rentrée littéraire.

C’est un roman magistral que nous livre ici Marcus Malte, que nous apprécions depuis quelques années déjà avec ses nouvelles, ses romans noirs et ses œuvres pour la jeunesse. Nous avons eu le plaisir de le recevoir plusieurs fois à la bibliothèque pour des rencontres avec les classes, les ados et les adultes.

‘Le Garçon’ est un roman d’initiation dans lequel nous suivons le parcours d’un enfant sauvage devenu homme qui se confronte à ses semblables, de 1908 à 1938. Ici encore, en styliste impeccable, avec sa poésie des ombres, l’auteur mêle avec force, la violence et la beauté du monde et de l’humanité. Nous savourons chaque mot de ces 534 pages ciselées, tout autant celles consacrées aux délices de l’amour : ‘Ils sont les chutes torrentielles. Ils sont le fracas et la lumière. Ils sont le tumulte. Ils sont la tourmente. Elle rayonne. Il irradie. Les nuages dégorgent. Le ciel se vide. Ils en veulent encore. Ils sont le déluge. Ils sont la nature même. Et c’est dans un ultime jaillissement de foudre, immaculé, que leur cri éclate et se perd’.

Que celles consacrées aux atrocités de la guerre : ‘Devant,derrière,autour. Des morts-vivants. Il est l’un d’eux. Il suit le flot. Il transpire L’air brûle. La sueur lui coule dans les yeux. Il court. Et toujours, le bruit, le bruit si massif et dur qu’on pourrait le toucher, s’y cogner, un mur de bruit, un roc, une avalanche de bruit qui n’en finit pas de roule, rouler et qui fait vibrer l’air et trembler le sol et qui l’assomme, qui l’écrase, qui l’ensevelit.’

Nous y croisons des personnages incroyables, tel l’ogre des Carpates, Brabek, tout droit sorti d’un conte et avec lequel le garçon fait une partie de sa route. ‘La route défile. La saison change. C’est l’automne qui vient et sa chape de plomb que transpercent ici ou là un chevron de bernaches, des grives, des râles des genêts. Tout migre. Les feuilles tombent et pourrissent. La pluie s’en mêle. Le crachin. Il est des aubes grises qui n’en finissent pas, des trajets qui frisent l’immobile et s’éternisent. Malgré tout ils avancent.’

Nous voyons défiler le temps, et avec lui l’énumération des évènements, petits et grands qui ont marqué les années et qui ponctuent le récit, qui ne traîne pas en longueurs. Et à la 534ème page nous avons du mal à quitter ce garçon et nous aimerions rester avec lui à regarder ‘tournoyer les condors’…

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Voir la présentation de l’éditeur : http://www.zulma.fr/livre-le-garcon-572140.html

Voir un entretien avec l’auteur : https://www.youtube.com/watch?v=TeAnHCE9hmk