‘Alors il fit vraiment noir et la nuit ressembla à la nuit’.

Ainsi démarre le roman de Maryline Desbiolles, avec la catastrophe de la rupture du barrage de Malpasset, qui a entraîné la mort de 423 personnes en 1959 dans la région de Fréjus. ‘L’eau avait tout dévasté. C’était une eau meurtrière qui n’étanchait jamais la soif…’

Et il se fermera, dans la même ambiance apocalyptique. …‘il pleure en lavant les enfants morts, lui qui n’a jamais pleuré, il pleure toutes les larmes de son corps, il lave les morts de ses larmes…’

Entre les deux, ce sont plusieurs histoires de ruptures violentes et inexpliquées qui nous sont racontées, le long du parcours de François, qui est embauché sur le chantier du barrage, après avoir quitté la ville et l’usine d’Ugine.

Celle d’un amour entre François et Louise Cassagne.

‘Elle l’entraîne dans les genêts follement jaunes, les fleurs froissées, les fleurs roses des cistes cotonneux, les buissons de lentisques, dans les odeurs mêlées qui infusent sous la chaleur précoce et montent à la tête. Pauvreté des expressions. ‘Elle se donne à lui’, mais peut-être se donne-t-il encore plus à elle.’

Celle provoquée par son départ en Algérie.

Celle du départ mystérieux du père de François lorsque celui-ci était encore enfant.

Celle qui le sépare de lui-même, François, nommé secrètement Augustin par son père.

Mais aussi et surtout la rupture au sein même de l’écriture, avec les ruptures de rythmes. Les phrases très courtes qui contrastent avec des phrases longues qui se déroulent. ‘C’est peut-être le plus important au fond’ dit Maryline Desbiolles.

Le tout sous l’égide d’une citation latine aux interrogations philosophiques : ‘J’avais déjà perdu celle que je tenais dans mes bras’.

 

Présentation, interview de l’auteur et lectures d’extraits ici :

https://www.rts.ch/play/radio/versus-lire/audio/maryline-desbiolles-rupture?id=9217244&station=a83f29dee7a5d0d3f9fccdb9c92161b1afb512db