Une rentrée théâtrale et romanesque
Laurent Gaudé, habitué des rentrées littéraires depuis son Goncourt pour ‘Le Soleil des Scorta’ est souvent sous le feu des projecteurs avec les parutions de ses romans. Mais Laurent Gaudé est aussi un auteur dramatique qui excelle également dans ce genre.
Cela se confirme encore avec sa dernière pièce, ‘Caillasses’ qui aborde avec subtilité le conflit israëlo-palestinien, sans jamais nommer le lieu dans lequel se déroule sa pièce. Pourtant nous sommes bien en Palestine et nous sommes bien immergés dans la vie d’une famille palestinienne. Il y a Farouk le père qui est resté au village, Meriem la soeur éxilée qui souhaite revenir sur la terre de ses ancêtres et retrouver son frère, Adila la fille de Farouk révoltée de découvrir la vie libre de l’autre côté alors qu’eux sont prisonnier sur leur propre terre. Les thèmes de l’enfermement , de la frontière, de la violence et du terrorisme, sont portés par les chœurs des habitants, le chœur des hommes le chœur des femmes, le chœur des exilés et par le personnage magnifique ‘l’enfant des gravats‘ qui en déconstruisant le langage, construit du sens et des questionnements, qui à la frontière de la folie, est pourtant celui qui va représenter l’humanité en devenir.
Laurent Gaudé parvient donc à merveille à donner à sa pièce à la fois la puissance du théâtre antique avec la présence des chœurs, et toute la force de l’univers de Beckett avec le personnage L’enfant des gravats.
Pour voir la pièce : http://liveweb.arte.tv/fr/video/Caillasses_de_Laurent_Gaude_au_Theatre_du_Peuple/
Mais cette année Laurent Gaudé fait coup double avec la parution d’un magnifique roman le mois dernier. On retrouve dans ‘Pour seul cortège’ la puissance de son écriture, de ses personnages et de ses intrigues. Nous sommes en – 323 av JC à Babylone, et nous assistons à la mort d’Alexandre III de Macédoine, dit Alexandre Le grand, tout simplement appelé ‘Alexandre’ dans le roman. Gaudé parvient à nous rendre proche l’un des personnage les plus célèbres de l’antiquité. Les faits historiques sont un point de départ à l’écriture romanesque. Ainsi le personnage de Dryptéis, dont on ne sait ce qu’il est devenu après la mort d’Alexandre était un bon point départ à l’imagination. De même on ne sait pas où a été enterré le corps d’Alexandre et ce qui a échappé à l’Histoire est intéressant pour la fiction. C’est un chant à deux voix qui nous est donné à entendre. Alexandre, mourant et Dryptéis la recluse, qui revient à la vie. Leurs chants sont animés du même souffle épique, mais échappent à la tragédie. Les personnages vont parvenir à surpasser le poids du destin, de la mort et de l’Histoire.
Voir une interview de l’auteur : http://www.dailymotion.com/video/xs7sub_laurent-gaude-pour-seul-cortege_creation
