C’est toujours une aventure formidable de découvrir un premier roman, un nouvel écrivain, c’est un peu comme découvrir un nouveau territoire. Voyager sur de nouvelles mers, explorer de nouvelles terres…
Ici, c’est avec ‘Le Grand marin’ et Catherine Poulain que nous partons en Alaska, ‘The Last Frontier’. A la puissance sauvage des récits d’aventure, s’ajoute le point de vue peu commun d’une héroïne qui embarque pour la pêche à la morue noire et au flétan et partage la vie âpre et rude de ses compagnons d’équipage.
‘Il faudrait toujours être en route pour l’Alaska. Mais y arriver à quoi bon’.
‘[…] s’en être allée si loin et seule, si loin vers le si Grand Nord, là où on l’appelle ‘The Last Frontier’, la dernière frontière, et l’avoir franchie, la frontière, avoir trouvé son bateau et se retrouver transportée de joie sur l’océan, à y penser le jour et la nuit, à n’en dormir presque plus sur son coin de plancher sale. Connaître des jours, des nuits, des aubes belles à en renier son passé, à y vendre son âme.’
Là, on croise des grands brûlés. Au bout du monde et de soi. Repousser les limites pour parvenir à rester en vie.
‘Mon skipper rêve en face de la mer. Ses yeux pâles ont le même éclat gris’.
‘Le souffle des hommes. Je tourne la tête vers Jude endormi. Il a bougé. La lumière pâle de la coursive a glissé sur son visage. Sa main entre ses lourdes cuisses. Il doit rêver de femmes et d’héroïne. et de whisky’.
‘Que je donne mes forces jusqu’à mourir à la vie d’avant, ou mourir tout court, que l’usure et l’exténuement me polissent jusqu’au cristal, ne laissant que la mer en moi, sous moi, autour de moi, et l’homme-lion de chair et de sang qui tient tête à la vague, planté sur le pont, sa crinière sale que le vent secoue en même temps qu’il fait claquer les haubans, la plainte folle des mouettes qui tournoient, vrillent et plongent, tourment rauque que le vent enfle puis étouffe’.
Là, on rencontre le grand marin.
Catherine Poulain sera présente aux Correspondances de Manosque : http://correspondances-manosque.org/