Article publié sur le site Internet du journal La Provence le 16/01/2014 – Les élus ont voté ce qui permettra, avec les 3 M d’euros à venir des conseils régional et général, de tenir trois mois.

Une belle unanimité a transcendé les sensibilités politiques pour s'accorder pour l'entreprise de Rousset. Photo : Sophie Spiteri.

Un vote unanime, tous les élus de la communauté du pays d’Aix tournés, debout, vers les salariés de LFoundry présents dans le public, et chacun d’applaudir. Il y avait de l’émotion, une fois n’est pas coutume, au conseil communautaire de la CPA hier soir. Il a débattu des modalités de l’aide exceptionnelle apportée au site de microélectronique qui risque la liquidation et dont le principe avait été adopté samedi lors d’une séance exceptionnelle. Car à défaut d’une avance de trésorerie, l’appareil de production ne pourra être maintenu pendant les trois mois de sursis obtenus.

Dans le rôle du pompier social -une première-, l’argentier de la CPA, Gérard Bramoullé. Il a expliqué les avancées obtenues lundi : conseils régional et général se sont aussi engagés lors d’une table ronde en préfecture. A laquelle, et Gérard Bramoullé le regrette fort, le gouvernement n’a pas assisté. Chacun va mettre 1,5M€ sur la table, de quoi passer le délai arraché pour examiner les offres de reprises. Rappelant que le maire de Châteauneuf-le-Rouge plaidait l’après-midi même à Paris le projet de reprise de Général Vision, l’élu aux finances annonçait que le maire de Pertuis, Roger Pellenc, travaille également sur d’autres « touches locales ».

« La CPA et la Région ont des compétences économiques »

Techniquement, la CPA accorde une avance de trésorerie remboursable. Il convient donc de gager la somme arrêtée : à défaut de remboursement lors de l’exercice budgétaire, l’intercommunalité aura mis de côté le matelas ; sinon, elle saura toujours que faire de l’argent restitué. La CPA est la première collectivité à pouvoir se prononcer rapidement ; Région et Département vont bientôt délibérer. Un audit va être effectué sous l’égide de la Chambre de commerce sur ce montant de 4,5M€ estimé par le liquidateur pour maintenir l’appareil productif (de quoi régler les salaires pour l’entretien des salles blanches, les fluides, et assurer la sécurité). Loïc Gachon, maire de Vitrolles, intervenait au nom du Conseil général pour déplorer que l »‘Etat n’abonde pas dans l’avance remboursable et n’a même pas assisté au tour de table. La CPA et la Région ont des compétences économiques que n’a pas le Département mais ce dernier ne se défilera pas. »

Roger Meï, maire (PC) de Gardanne, qui signait hier physiquement son premier conseil communautaire, à l’instar de Suzanne Maurel, maire de Gréasque – communes entrées depuis le 1er janvier de force ou de plein gré à la CPA-, renchérissait : « Lors de la reconversion du bassin minier, avec un Laurent Fabius ministre de l’Économie, la zone de Rousset a bénéficié d’une manne financière. Atmel a empoché combien ? 500M€ – ou de francs, je sais plus. Je propose que l’on rencontre Montebourg. Il porte sa part de responsabilité. »

« Il faut toujours se battre, et rester debout »

La présidente de la CPA, Maryse Joissains, embrayait sur le « comportement mafieux » de l’Allemand LFoudnry qui a succédé à l’Américain. « Une procédure judiciaire est en cours. Mais l’Etat devrait se mobiliser contre ces patrons voyous. On a la preuve que LFoundry a plié les actifs. Je vais dire au gouvernement d’engager une action diplomatique sur ces entreprises qui écument l’Europe. Après s’être renflouée en Allemagne, LFoundry a ouvert une nouvelle usine en Italie avec l’argent de Rousset ! »

Dans la cacophonie du public qui applaudit, les élus qui demandent une action du type TGV ou Métropole quand d’autres s’interrogent, l’aide a été adoptée à l’unanimité et Maryse Joissains s’adressant aux salariés, enfin, on imagine, concluait : « Il faut toujours se battre, et rester debout. »

Carole Barletta